Le commissaire divisionnaire Rabah Souchi est en charge des opérations de maintien de l’ordre pour la manifestation des « gilets jaunes » dans le centre-ville de Nice. Sa compagne, la commissaire divisionnaire Hélène Pedoya, participe également au dispositif.
Place de la République, le commissaire de police Souchi ordonne une charge pour faire partir les manifestants. Un capitaine de gendarmerie refuse. Ses hommes (près de 80 gendarmes) n’y participent pas. Geneviève Legay, 73 ans, militante pacifiste d’Attac est gravement blessée au cours de cette charge de police. Elle est hospitalisée pour une hémorragie et plusieurs fractures au crâne.
Vers 16 h 30, le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, ouvre une enquête préliminaire « en recherche des causes des blessures ». Il la confie à Hélène Pedoya. L’un des commissaires en charge de l’enquête, Aurélien Froger, a également participé aux opérations et particulièrement à la charge qui a occasionné les blessures.
Le soir même, le capitaine de gendarmerie alerte sa hiérarchie sur la disproportion de la charge et sur son refus d’y participer.
Le compte rendu détaillé du capitaine de gendarmerie transmis à sa haute hiérarchie.
Dans un entretien publié lundi 25 mars dans Nice Matin, Emmanuel Macron déclare que « pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. […]Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci ». Le président de la République assure par ailleurs qu’il n’y a eu aucun contact entre Geneviève Legay et les forces de l’ordre.
Lors d’une conférence de presse, la version présidentielle est appuyée par le procureur niçois Jean-Michel Prêtre.
La version de Macron et du procureur contredite par des témoignages de policiers, renforçant l’idée d’un mensonge orchestré.
Lors d’une conférence de presse organisée par le parquet, Jean-Michel Prêtre reconnaît que ce sont les policiers qui sont à l’origine des blessures de Geneviève Legay. Une instruction est ouverte pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ».
La Direction des services judiciaires demande au procureur général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, Robert Gelli, d’entendre Jean-Michel Prêtre sur sa communication sur les faits et sur le choix du service d’enquête.
Rabah Souchi et Hélène Pédoya sont médaillés par le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Il s’agit de la « promotion exceptionnelle médaille de la sécurité intérieure “gilets jaunes” ».
L’instruction est dépaysée à Lyon.
Jean-Michel Prêtre est notifié de sa mutation.
Dans le cadre de l’enquête judiciaire, l’Inspection générale de la police nationale rend ses conclusions. La charge est jugée disproportionnée.